Cette citation attribuée à Gandhi « On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités » est souvent utilisée en signature. Elle m'a toujours dérangée. Je n’ai jamais cru qu’il y avait un lien de cause à effet entre le respect que l’on a pour les animaux animaux et celui que l’on a pour les humains. Je pense que ce qui commande le respect est malheureusement plus souvent l’intérêt que les beaux sentiments. Si souhaiter et/ou faire le bien des animaux était le reflet d’une quelconque grandeur d’âme, le monde de la protection animale ne serait pas aussi hostile. Or je n’ai jamais croisé dans d’autres secteurs de ma vie autant de fous furieux que depuis le jour où j’ai commencé à vouloir aider les lapins.
Je suis plutôt tenace donc je suis restée sur la barque 11 ans, même si l’envie de prendre le large m’a souvent envahie. Je suis restée et j’ai encaissé jusqu’à m’en rendre malade. Pas une petite grippette ou un p’tit coup de mou mais un vrai coup d’arrêt. Un truc qui vous conduit aux soins intensifs et auquel vous survivez par miracle. Un truc qui vous pousse à vous demander ce que vous allez faire de cette seconde chance. On peut choisir de croire en sa bonne étoile ou de ne pas tenir compte de l’avertissement et continuer à faire n’importe quoi. Si l’on n’est pas d’humeur suicidaire, on peut aussi se demander ce qui nous a entraîné là et tenter d’y remédier. C’est l’option que j’ai choisie. Rapidement, j’en suis arrivée à la conclusion que ce qui m’avait menée là était en très grande partie le stress généré par les relations humaines plutôt compliquées au sein de l’association Marguerite & Cie. Le plus souvent basées sur des batailles d’ego ou de la pure bêtise que sur des désaccords de fond. Du fond, il y en a peu finalement.
J’ai par conséquent annoncé au conseil d’administration dont je faisais partie, que je souhaitais cesser l’animation d’une section du forum, ne pas organiser la prochaine AG ni la présenter et ne plus donner mon avis dans la section sauvetage, tout en continuant à assurer toutes mes autres fonctions (budget, commandes de fournitures, commandes des familles d’accueil, tenue de la boutique, envoi du courrier, expédition des commandes de magazines et calendriers, gestion administrative de l’association, comptabilité, mise à jour du site d’info, réalisation des dépliants (texte et maquette), organisation des tombolas, dons aux partenaires, réalisation du magazine (texte, maquette, correction, illustration, mise en page, commande, réception et gestion du stock, expédition, collaboration avec des vétérinaires, etc.), participation au conseil d’administration, etc. Bref, on ne peut pas dire que ma décision entraînait de lourdes conséquences vu tout ce que je continuais à faire et les rares choses que je ne souhaitais plus faire pouvaient facilement être confiées à d'autres.
Dans un monde normal, on m’aurait dit « ok, pas de souci, on va trouver d’autres bénévoles ».
C’était sans compter sur le fait que nous n’étions pas dans un monde normal mais dans le cadre de la protection animale. On est là pour aider les lapins par pour éviter à un bénévole un burn-out, un AVC ou une crise cardiaque… faudrait pas déconner non plus ! Restons sérieux ! On choisit donc plutôt de harceler le bénévole de demandes de justification, de lui faire toute sorte de reproches plus ou moins hors sujet et on amène sur le tapis d’autres problèmes sans rapport et jamais évoqués jusque là. Le bénévole répond, espérant que ses justifications vont finir par faire mouche, mais on continue à lui répondre en boucle qu’il refuse de s’expliquer ! On lui répète ad nauseam qu’il n’est vraiment pas sympa de faire retomber le boulot sur d’autres aussi brutalement et qu’il aurait pu le faire en douceur. Ce qui devait arriver arrive alors, le bénévole se rend malade et prévient que n’allant pas bien du tout, il va se reposer quelques jours le temps de se rétablir. Dans un monde normal, les uns se disent qu’ils ont dû pousser le bouchon trop loin et les autres décident de prendre les choses en main. Mais dans ce monde là, les prises de chou continuent et quand le bénévole revient, fait l’impasse sur les choses pas jolies jolies qui se sont passées en sont absence, accepte tout ce qui a été décidé et se contente de lister tous les points afin de pouvoir passer à autre chose, il se fait encore engueuler sous prétexte qu’il n’a pas à décider de lister les décisions des autres et encore moins à les accepter sans y être autorisés. Le bénévole décide donc de renoncer puis de démissionner. On l’engueule à nouveau en lui disant qu’il n’a pas le droit de décider seul s’il veut démissionner (alors que bien évidemment c'est tout à fait autorisé par les statuts de l'association), qu’il n’a pas le droit non plus de laisser les autres seuls à décider et quand le bénévole commence à se demander si pour aller faire pipi il va devoir convoquer une AG exceptionnelle, on lui sort le point Godwin spécial Marguerite & Cie : « c’est encore les lapins qui vont pâtir de tes agissement ! Moi, je pense à leur bien-être ».
Ces personnes traitent bien leurs animaux. Ces personnes sont bénévoles dans le but d’aider les animaux et pourtant elles sont incapables de traiter avec un minimum d’empathie et de bonne foi un être humain. Si ce n’est pas possible à l’échelle d'un petit conseil d'administration d'association, j’ai malheureusement du mal à croire que ce soit un jour possible au niveau d’une nation.
Si je devais choisir une citation de Gandhi pour signature sur un forum, je choisirais plutôt celles-ci :
Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort.
Colère et intolérance sont les ennemis d'une bonne compréhension.
Il faut apprendre à rester serein au milieu de l’activité et à être vibrant de vie au repos.
Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence.
Et d’une manière plus générale, j'aime bien celles-ci :
Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses.
C'est dans l'effort que l'on trouve la satisfaction et non dans la réussite.
Le bonheur, c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles.
C'était la minute philosophique...