La présentation de cas clinique a également été l'occasion d'évoquer les progrès en matière d'imagerie médicale et ses implications sur les soins des lapins.
Les problèmes liés aux dents représentent une grande partie des motifs de consultation chez le vétérinaire. Le travail de prévention est donc capital. Dans ce but les vétérinaires conseillent un bilan dentaire complet 1 à 2 fois par an. Idéalement au moment de la vaccination + 6 mois après que le lapin ait déjà eu des problème dentaire ou non.
Le bilan se présente sous forme d'une fiche dentaire comportant des schémas de dentition + la numérotation des dents sur laquelle le vétérinaire indique le problème rencontré : fracture, dent manquante, spicule dentaire, mobilité, résorption dentaire etc. Le vétérinaire peut également préciser la sévérité par le signe "+" , l'échelle allant de 1 à 4. Il indique également la date idéale pour un prochain bilan. Si un limage est nécessaire, il est réalisé dans la foulée. Baba a récemment eu droit à un tel examen et est revenu avec sa fiche complète.
Le bilan est réalisé sous anesthésie flash (anesthésie gazeuse légère). La question qui revient souvent est : est ce que ce n'est pas prendre un risque inconsidéré que d'anesthésier un lapin alors qu'il est en parfaite santé et ne présente aucun symptôme de problème dentaire ?
Les vétérinaires ont répondu que sur toutes les anesthésies réalisées chaque année dans leur service, soit 7 lapins anesthésiés par jour en moyenne, il n'y avait "que" 2 à 3 décès par an maximum soit un risque de moins de 0.5% et que là le risque était encore plus faible dans ce cas puisqu'il s'agit d'anesthésie flash, sans intervention chirurgicale et sur des lapins en parfaite santé. Il s'agit tout de même d'une anesthésie donc le vétérinaire ne peut pas prétendre à un risque zéro.
Si on ne souhaite pas prendre ce risque, on peut se contenter d'un examen à l'otoscope tout en sachant qu'il ne permet pas de détecter la majorité des problèmes. L'examen sous anesthésie permet également l'utilisation d'une caméra ce qui serait impossible sur un lapin vigile car ils ont tendance à vouloir expulser le matériel et donc à le mordre. Ce matériel étant très onéreux on ne peut pas prendre le risque de le voir détruit à chaque bilan dentaire.
L'examen consiste à inspecter chaque dent avec une micro caméra pour repérer les gros défauts mais aussi à toucher chaque dent pour voir si elle est bien immobile. On peut aussi repérer un début d'abcès grâce à des indices comme la mobilité ou la mauvaise odeur. C'est de cette manière que le second abcès de Linette a été découvert. En vérifiant la mobilité de cette prémolaire, une forte odeur s'est dégagée. La dent qui était très mobile et molle a été extraite et l'abcès a été cureté. Sans cet examen préventif, l'abcès n'aurait été repéré qu'à l'apparition des symptômes et aurait pu faire de plus gros dégâts en attaquant les autres racines ou même l'os de la mâchoire.
Comme l'image est projetée sur un écran, des détails invisibles à l'oeil nu sautent aux yeux.
C'est comme ça, par exemple, qu'on a trouvé la cause de l'anorexie de Malou au printemps. En inspectant à l'otoscope puis à l'oeil nu mais sous anesthésie, ils ne trouvaient aucune cause à son incapacité à manger alors qu'on savait que le problème venait de la bouche car il ne pouvait plus mordre. Avec la caméra, ils ont vu un minuscule hématome au niveau de la racine d'une dent. Problème qui n'était pas visible non plus sur la radio.
Plusieurs dentitions nous ont été présentées lors de la conférence dont celle de Baba, lapin que l'association avait pris en charge. D'ailleurs ces photos ont suivi Baba puisqu'elles ont été transmises à son nouveau vétérinaire traitant. Ceci facilite grandement le suivi.
La caméra n'est pas seulement utile pour repérer les problèmes, elle est également utilisée pendant le soin dentaire (extraction, curetage d'abcès etc...). Le vétérinaire opère en regardant non pas la bouche du lapin mais l'image qui apparaît sur l'écran. Ainsi, il gagne en précision. Bon évidemment comme je n'ai pas d'images à vous montrer c'est moins évident à visualiser que pendant la conférence ! J'en ai quelques unes en stock, je vais voir avec le vétérinaire si je peux en présenter une.
Outre l'aspect purement médical, ce bilan permet également une meilleure compréhension des problèmes par le propriétaire. En effet, celui-ci ne pouvant pas voir les pré-molaires et molaires, il a souvent du mal à évaluer la gravité de la situation. Les clichés sont donc joints au bilan pour qu'il puisse visualiser le spicule ou l'abcès dont on lui parle. Il peut même avoir un cliché avant/après pour bien comprendre l'acte qui a été réalisé.
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